Le modèle d'une adaptation réussie : "Princesse Sara"
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Vous allez être sublime, Mademoiselle.
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Merci, Mariette, mais je n’ai pas besoin d’être
sublime. J’ai besoin d’être brillante.
Vous allez
commencer à vous dire que je ne parle que de BD, c’est pas grave, parce que,
déjà, la bande-dessinée est un art et appartient tout autant à la littérature
que le roman, la poésie, etc. (et toc), et puis, avec la sortie du Tome 10, je
ne pouvais pas ne pas vous en parler. Le moment est donc venu, c’est parti pour
ma déclaration d’amour à ma saga de bande-dessinée préférée : Princesse Sara, par Audrey
Alwett, Nora Moretti et Marina Duclos.
A tous ceux qui
auraient déjà « Princesse, princesse, tu es bien jolie » dans la
tête, je tiens à rétablir la vérité une bonne fois pour toutes, histoire de
partir sur de bonnes bases : l’histoire de Princesse Sara, avant d’être la
série animée qui a bercé notre enfance et brisé à tout jamais notre foi en la
bonté inhérente au genre humain, c’est un livre. Eh oui ! Et pas n’importe
quel livre, vu qu’il s’agit du livre que j’ai relu le plus de fois dans ma courte
vie – ex-aequo avec Un Chant de Noël
de Dickens : Une Petite Princesse
par Frances Hogdson Burnett, qui est aussi la maman du Petit Lord Fauntleroy, cette
femme devait donc avoir pour objectif de pourrir l’enfance de tout le monde
avec ses histoires de gamins tout innocents sur qui le destin semble s’acharner
une ténacité comparable à celle de la Mort dans Destination Finale. Je ne vais pas m’étendre sur le sujet,
étant donné que ce roman mérite sa propre chronique, qui devrait arriver
bientôt – c’est une (re)lecture idéale pour l’hiver.
Entrons donc dans
le vif du sujet : la saga Princesse
Sara. Les quatre premiers tomes suivent la trame du roman (et donc une
trame similaire à celle de la série) : Sara Crewe, fils d’un riche
entrepreneur anglais, est né et a grandi aux Indes – qui font alors partie de
l’Empire britannique. Orpheline de mère (déjà, la joie), la petite fille se
retrouve bientôt seule, lorsque son père la confie aux bons soins de Miss
Minchin, directrice d’un pensionnat de jeunes filles, à Londres, afin qu’elle perfectionne
son éducation. Miss Minchin… est l’une des pires sales races engendrées par la
littérature jeunesse : bien qu’elle exècre Sara à cause de sa fortune et
de son intelligence, elle la met constamment en avant afin de servir l’image de
son pensionnat. Mais lorsque Sara essuie un terrible revers de fortune, tout
s’écroule autour d’elle. Ne lui reste que son courage, sa sagesse, son
imagination sans bornes et le soutien de quelques précieux amis pour affronter
sa nouvelle vie.
A partir du tome
5, les auteurs font un bond dans le temps et inventent la suite de l’histoire
de Sara : devenue adulte, elle retourne aux Indes afin de reprendre les rênes
de l’entreprise familiale. S’en suivent de nombreuses péripéties, des périples
autour du monde, et des retrouvailles avec de nombreux personnages du roman
original.
La saga Princesse Sara réussit, selon
moi, un véritable tour de force : celui d’être une adaptation fidèle tout
en étant innovante et en apportant sa propre patte au matériau d’origine. Les
quatre premiers tomes apportent déjà des petites nouveautés à l’histoire
originale ; l’univers steampunk, en plus d’apporter de sublimes
trouvailles visuelles, permet d’explorer une nouvelle facette de la
personnalité de Sara dans les tomes suivants : la jeune femme met en
effet son imagination et son univers onirique au service de son métier d’ingénieur,
montrant que l’on peut être à la fois rêveur et réfléchi, passionné et
méthodique (les clichés sur les S et les L en prennent un sacré coup, et ça
fait du bien). Les nouveaux personnages qui ont été ajoutés se fondent
parfaitement dans le décor, la dynamique entre tous les personnages est
extrêmement plaisante. Quant aux personnages originaux que l’on retrouve une
dizaine d’années plus tard, leur développement est tellement bien travaillé qu’il
sonne comme une évidence : les anciennes timides ont gagné en confiance, les
enthousiastes ont mis leur passion au service d’une cause qui leur correspond,
bref, je n’en dis pas plus car je vous encourage vraiment à découvrir cette
galerie de héros par vous-mêmes, que ce soit directement par la bande-dessinée ou
en passant d’abord par le roman, mais je peux vous assurer que, personnellement,
j’ai vraiment eu la sensation de retrouver les personnages que j’avais aimés
dans l’œuvre d’origine – et vu la place qu’Une
Petite Princesse occupe dans ma vie de lectrice, c’est dire à quel
point j’aurais pu être difficile à satisfaire.
Du point de vue
graphique, c’est une pure merveille : on sent que Nora Moretti a gagné en
aisance au fil de la saga, les dessins sont de plus en plus travaillés, que ce
soit au niveau des costumes, des décors, ou tout simplement des personnages. Les
différents pays que traversent Sara et ses compagnons d’aventure ont permis à
la dessinatrice de s’en donner à cœur joie, les graphismes font vraiment
voyager, on ne sait plus où donner de la tête tellement il y a de choses à
admirer sur chaque planche, chaque tome demande plusieurs lectures pour
apprécier tous les détails (si vous avez chopé la petite référence au Labyrinthe de Jim Henson dans le
tome 9, bravo, vous êtes des bons).
Je ne veux
vraiment pas trop en dire pour vous laisser le plaisir de découvrir cet univers
par vous-même, mais je pouvais difficilement parler de cette saga sans m’attarder
un peu sur mon amour pour le personnage de Sara. Je m’étendrai en long, en
large, en travers sur tout ce qui rend la Sara enfant si inoubliable à mes yeux
lorsque je m’attèlerai à ma chronique sur Une
Petite Princesse, je vais donc me concentrer ici sur la Sara adulte ;
je pense que la meilleure façon de résumer est de dire, tout simplement, que
Sara est le type de personnage principal féminin que je recherche dans mes
lectures, celui qui incarne le plus un modèle à mes yeux : elle est
brillante, mais ne se repose jamais sur ses facilités et travaille d’arrache-pied
pour aller toujours plus loin ; elle a conscience de ses capacités et de
ses talents, elle sait ce qu’elle vaut, mais elle ne s’en vante pas ; elle
a des valeurs et ne se laisse pas faire, mais elle n’explose pas dans des
colères noires à tout bout de chant et sait garder la tête froide quand la
situation l’exige. Bref, un modèle d’équilibre. Que dire de plus, si ce n’est
qu’un tel personnage ne peut que me rendre fière de porter mon prénom.
Une dernière
chose, pour vous inciter, une dernière fois, à vous plonger dans cette
merveilleuse saga : le Tome 10, sorti il y a un mois, est, selon mois, le
meilleur de la saga.
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