Ne t'inquiète pas pour moi par Alice Kuipers : des post-it, la maladie, de l'amour et des post-it

La librairie où j’ai l’habitude d’aller organise tous les ans une sorte de concours de lecture pour les enfants jusqu’au collège (par catégorie d’âge). Le but est de lire une dizaine de livres dans l’année (prêtés par la librairie) et de les noter sur dix. Le livre avec la meilleur moyenne remporte la médaille. J’ai découvert des livres merveilleux par ce biais, notamment Ne t’inquiète pas pour moi d’Alice Kuipers dont je vais vous parler aujourd’hui. Je devais avoir douze ou treize ans et Alice Kuipers a réussi à me remuer comme ça ne m’étais presque jamais arrivé en littérature (sauf avec Trente-cinq kilos d’espoirs d’Anna Gavalda, mais je garde cette histoire pour un autre jour).


L’intrigue en elle-même est pourtant très simple et tient en quelques mots : il s’agit d’un roman épistolaire où une mère et sa fille échangent par post-it interposés, laissés sur le frigo. Un jour, la mère apprend qu’elle est malade. Mais c’est cette simplicité qui fait que ce livre est un très beau livre. C’est la simplicité de la vie quotidienne : « Peux-tu racheter des pommes ? », « Tu peux me laisser 10 dollars, maman ? », « Comment s’est passé ton exposé ? », « Suis partie courir. », … Puis on se rend compte que cette apparente simplicité n’est qu’un leurre, elle laisse place à la complexité de la relation mère-fille que l’on n’entrevoit pas dès le début, et surtout à la complexité de la maladie de la mère qui s’immisce progressivement entre les deux femmes. C’est un roman très court et je ne m’étendrai pas trop dessus pour ne pas risquer de vous spoiler.


La mère travaille beaucoup et ne fait que croiser sa fille, d’où les post-it. Le choc intervient assez tôt : après avoir longuement insisté pour parler en tête-à-tête à sa fille d’un sujet important et face à la quasi-impossibilité de se voir vraiment, la mère finit par annoncer sa maladie à sa fille. A ce stade, le lecteur est déjà immergé dans le roman, et on a presque oublié que ce ne sont que des post-it. Puis la détresse de Claire (la fille) nous ramène à la dure réalité : sa maman est malade et elle le lui a annoncé par un petit mot sur le frigo… J’ai aussitôt ressenti au fond de moi quelque chose de très fort, indescriptible, mais qui m’a vraiment remué les tripes. Comment réagirais-je s’il m'arrivait la même chose qu’à Claire ? Je serais effondrée, sans l’ombre d’un doute. Et c’est là que la force de Claire m’a frappée. Elle combat la maladie avec sa mère, elle reste forte pour elle, même si l’on ressent sa fragilité. L’épilogue surtout montre cette duplicité entre courage et détresse et illustre à la perfection la relation mère-fille.

« Quand je te regarde je vois la femme que je veux être forte et courageuse belle et libre. PS : Je t’aime ». Cette phrase est le fil conducteur du roman, elle est écrite par Claire, mais aurait parfaitement pu venir de moi. J’ai vu mon propre lien avec ma mère dans la relation qui unit les deux personnages ; c’est peut-être pour cela que ce livre a eu une résonance particulière chez moi...


A bientôt,
Roxane.

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